Lletres: Jacques Brel. Les Marquises. Vieillir.
Mourir en rougissant
Suivant la guerre qu'il fait
Du fait des Allemands
A cause des Anglais
Mourir baiseur integre
Entre les seins d'une grosse
Contre les os d'une maigre
Dans un cul de basse-fosse
Mourir de frissonner
Mourir de se dissoudre
De se racrapoter
Mourir de se decoudre
Ou terminer sa course
La nuit de ses cent ans
Vieillard tonitruant
Souleve pas quelques femmes
Cloue a la Grande Ourse
Cracher sa derniere dent
En chantant "Amsterdam"
Mourir cela n'est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir... o vieillir
Mourir mourir de rire
C'est possiblement vrai
D'ailleurs la preuve en est
Qu'ils n'osent plus trop rire
Mourir de faire le pitre
Pour derider le desert
Mourir face au cancer
Par arret de l'arbitre
Mourir sous le manteau
Tellement anonyme
Tellement incognito
Que meurt un synonyme
Ou terminer sa course
La nuit de ses cent ans
Vieillard tonitruant
Souleve par quelques femmes
Cloue a la Grande Ourse
Cracher sa derniere dent
En chantant "Amsterdam"
Mourir cela n'est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir... o vieillir
Mourir couvert d'honneur
Et ruisselant d'argent
Asphyxie sous les fleurs
Mourir en monument
Mourir au bout d'une blonde
La ou rien ne se passe
Ou le temps nous depasse
Ou le lit tombe en tombe
Mourir insignifiant
Au fond d'une tisane
Entre un medicament
Et un fruit qui se fane
Ou terminer sa course
La nuit de ses mille ans
Vieillard tonitruant
Souleve par quelques femmes
Cloue a la Grande Ourse
Cracher sa derniere dent
En chantant "Amsterdam"
Mourir cela n'est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir... o vieillir
Brel Jacques
Brel Jacques