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Lletres: Dominique A. Music-hall.

De grands cieux gris inquiets
Clouent le jour balneaire au sol.
L?homme avance parmi les dunes
Il chemine en se balancant
Il se souvient du Music Hall
Du long couloir en entonnoir
Ou la foule se devidait
Les robes ne tenant qu?a un fil
Et le trottoir mouille, mouille.

Il avance parmi les dunes
Gomina battue par le vent
Il pense qu?il est huit heures du soir
Et qu?il circule dans le couloir
Ou les epaules bruissent en glissant
La foule se place au coeur des dunes
La mer applaudit bruyamment.

« Tu ne sais pas lui dire adieu »
Lui a-t-elle dit hier au soir
« Tu n?verras pas si je pars
Ma route ne passe pas par tes yeux
Dans ta tete, c?est huit heures du soir
A jamais, ici ou ailleurs
C?est le velours du grand couloir
Qu?on trouverait, si on t?ouvrait le c?ur ».

Au Casino qui toise les dunes
S?eveillent les machines, hoquetant,
Quelques orphelins de la lune
S?attelent deja consciencieusement
A cumuler de l?infortune
Un grand cafe serre l?attend
Pres des machines qui cliquetent
En entrant, il voit la moquette
Et il voit des lumieres d?avant.

« Tu ne sais pas leur dire adieu
Ni a ces grandes lettres rouges
Ni au desordre des entractes
Ni aux rideaux qui vont flottant
Tu te souviens du Music Hall
De rires et de gorges serrees
Et du froissement des epaules
Et dehors, le trottoir mouille ».

Boulevard maritime, la maison
Au c?ur d?autres maisons muettes
Bouches closes une fois l?ete passe
La table mise, la femme fluette
L?assiette qu?il n?y a qu?a rechauffer
Et l?hier soir qui vibre encore
Des quelques verites brassees
Il lui pardonne sans un effort
C?etait trop vrai pour le toucher.

Ils s?embrassent, elle part travailler
Elle a le pardon du fantome
Et l?espoir indeboulonne ;
L?amour se cabre dans le hall
Ou le souvenir l?a condamne
Avec la grande tristesse bravache
Des fins de soirees deglinguees
Ou les vetements font relache
Et le c?ur est deshabille.

Et sous les cieux gris qui s?inquietent
Dans les dunes ou au Casino
Parmi les machines qui hoquetent
Il regarde, il voit des cerceaux
De feu qui brunissent la moquette
Et il voit tomber des rideaux
Des mains qui claquent dans la tempete
Au dehors.

Et il voit les lettres
Rouges, et le couloir cramoisi
Et tout le possible des nuits
Qui s?affiche, rouge, en toutes lettres
Et rien de tout ca n?est fini
L?amour s?y niche, inentame
Et tous les adieux s?y empetrent
Comment dire adieu a la vie ?

Il se souvient du music hall
Du long couloir en entonnoir
Ou la foule se devidait
Les robes ne tenant qu?a un fil
Et le sable mouille, mouille.

(Merci a Jeremy pour cettes paroles)